Genèse de l'association

C'était en 1989. Je ne sais plus trop quand, mais pas en hiver en tout cas. J'étais à Bruxelles et de mauvaise humeur, ulcéré des complications administratives auxquelles j'avais été soumis pour avoir accès aux bâtiments et étages de la Commission alors que mes confrères bruxellois allaient et venaient quasi librement : nous faisions le même métier, traitions de la même matière mais nous n'étions pas sur un pied d'égalité. Au cours des rencontres que j'ai eues ce jour-là avec mes contacts au cabinet de Jacques Delors je ne me suis pas privé de le dire... A l'heure du retour, Jean-Michel Behr (membre du dit cabinet) m'a proposé de me ramener en voiture : il rentrait lui aussi à Paris ce soir-là. Ce qui se fit. Au long du trajet nous avons conversé et Jean-Michel m'a dit : « si tu veux faire une association on pourra t'aider ».

Ce propos n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd : peu après j'ai décidé de passer à l'acte. Il fallait être au moins quatre pour fonder une assoc. Trois camarades ont accepté de se joindre à moi : François Féron de Libé, à qui nous devons le nom d'Europresse ; Henri de Kergorlay du Figaro et Claire Tréan, du Monde. Il fallait aussi une domiciliation et, dans un premier temps, ce fut mon adresse. Enfin il fallait des statuts : j'ai largement pillé ceux de l'association des journalistes scientifiques, en y ajoutant notamment l'obligation de traiter de la politique européenne et donc de connaître le sujet et l'interdiction faite au président (ou à la présidente) de dépasser cinq mandats successifs. 

Notre siège a par la suite été, pour une brève période, situé dans une tour du Front de Seine grâce à la gentillesse d'un ancien de l'Elysée reconverti dans le secteur bancaire. Plus tard, nous avons déménagé rue du Louvre, dans un local du CFPJ, où était installé notre secrétariat.

Le cabinet Delors a en effet tenu parole et nous a accordé une subvention assez substantielle pour rémunérer un secrétariat à temps partiel. Ceci a duré jusqu'au jour où la réglementation de la Commission a changé : les subventions accordées aux associations devaient être dévolues à l'investissement seul et non plus au fonctionnement. Une idiotie, car les associations ont essentiellement besoin d'aides au fonctionnement. Mais il a bien fallu se plier à cette nouvelle discipline. Après quelques années de casse-tête pour essayer de jouer sur les mots, nous avons renoncé à toute subvention. C'est le talent et le bon sens de notre trésorier – Franck de Bondt – qui nous a permis de nous adapter. En particulier pour le règlement de nos déjeûners.

Ce changement forcé de niveau de vie a eu entre autres conséquences l'abandon de la politique de voyages que nous avions longtemps pratiquée et une nouvelle errance concernant notre lieu de réunion – notamment dans la cuisine du 288 Bd St Germain, puis dans un café proche de Sciences Po, puis...

Malgré tous ces aléas le fonctionnement de l'association est resté, pour l'essentiel, dans la trace initiale. Les présidences ont tourné ; les effectifs en partie aussi, avec en outre une « européanisation » bienvenue ; à deux exceptions près la règle du « off » a été respectée  etla réputation de sérieux et de compétence d'Europresse a été et reste reconnue. 

Je me réjouis par ailleurs de constater que ce groupe soit resté convivial et que l'esprit de camaraderie qui s'était d'emblée instauré parmi nous semble résister vaillamment au temps qui passe.  

Alain Dauvergne, fondateur d’Europresse

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